L’économie circulaire pour la transition

Construire un nouvel avenir nécessite de repenser nos modèles sociétaux et inévitablement notre modèle économique limité. Cet article vise à traiter une des alternatives les plus en vogue, j’ai nommé «l’économie circulaire». Il ne s’agit pas d’imposer ce modèle comme solution miracle, mais plutôt de faire connaître les principes qui le régissent.

Bonne lecture !

VERS UN NOUVEAU MODÈLE ECONOMIQUE

Un paradigme à bout de souffle

Notre monde est fini, ainsi que les ressources le composant. Désormais avéré de tous, ce constat nécessite une profonde réflexion sur notre avenir et celui des générations futures. L’accroissement de la démographie mondiale (plus de 9 milliards d’êtres humains en 2050), le réchauffement climatique, la disparition des espèces animales et celle des matières premières, tous ces résultats sont le fruit de l’espèce humaine et de ses modes de production/consommation. Aujourd’hui, les experts du monde entier tirent la sonnette d’alarme et tentent de sensibiliser le grand public à ces enjeux majeurs. « Il n’y a pas de planète B », affirmait l’astronaute Thomas Pesquet dans le journal économique « La Tribune » le 4 avril 2018, en réponse à une question sur l’épuisement des ressources naturelles.

Si l’humanité ne modifie pas son modèle économique, dit « linéaire », c’est à dire, reposant sur l’extraction, la fabrication et la non réutilisation des produits, notre société telle que nous la connaissons risque de disparaître. Le constat est sans appel, nous observons un épuisement des matériaux et ressources naturelles de manière significative. Ainsi, la logique marchande ne peut plus se dissocier des enjeux actuels, que ce soit sur le plan sociétal, économique social et environnemental et doit répondre à la problématique du développement durable, se définissant comme un « développement répondant aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins »1 (rapport Brundtland, 1997), et de la durabilité, qui sont désormais récurrentes.

La genèse d’un concept

Pour y répondre, de nouvelles alternatives ont été pensées et initiées par des acteurs territoriaux, sur des échelles territoriales multiples. L’ « économie circulaire », terme employé pour la première fois en France dans le livre de Jean Claude-Lévy : « Économie circulaire : l’urgence écologique », fait partie de ses alternatives et connaît une dynamique en plein essor.

Pour l’ADEME (Agence nationale de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) elle s’apparente à un « un système économique d’échange et de production qui vise à augmenter l’efficacité, de, l’utilisation des ressources et à diminuer notre impact sur l’environnement. Il s’agit de découpler la consommation des ressources de la croissance du produit intérieur brut, tout en assurant la réduction des impacts environnementaux et l’augmentation du bien-être ». Ce nouveau modèle pourrait révolutionner les habitudes et les modes de consommation de chacun dans leur vie quotidienne, touchant directement les individus mais également la structure et les méthodes des entreprises. L’économie circulaire, est un modèle systémique, englobant une pluralité de notions, comme celle d’économie verte, d’économie de l’usage ou d’économie de la fonctionnalité. Ces nouveaux paradigmes ciblent donc une gestion sobre et efficace des ressources, permettant un modèle cyclique et une réutilisation des ressources.

ADEME (2016) :Conceptions de l’économie circulaire

Il n’existe pas de déchets au sens traditionnel du terme, dans la mesure où tout est considéré comme une ressource : les déchets des uns deviennent les ressources des autres.

En plus d’une optimisation poussée des ressources utilisées, l’économie circulaire est aussi d’une manière plus large, repenser les façons de travailler. Pour Jany-Catrice, professeure à l’Université de Lille 1, promouvoir une économie circulaire apporterait une pierre à la construction d’une économie plus soutenable et plus démocratique. De nombreuses critiques sont adressées au principal indicateur de richesse de notre société mondialisée – le PIB – ne prenant en compte que la masse monétaire des pays pour déterminer si ces derniers sont « riches » ou non. Cependant pour nombre de penseurs et organismes, la « richesse » ne se définit par uniquement par une valeur monétaire mais peut être évaluer avec d’autres indicateurs tels que le bien-être social, ou encore la créativité, plus communément nommés « externalités positives ».

Le développement de l’économie circulaire en France

En France, le concept d’économie circulaire a officiellement fait son entrée dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015, avant de devenir un objectif national. Aujourd’hui, plus de 800 000 emplois seraient reliés à l’économie circulaire et plus de 300 000 pourraient apparaître dans les prochaines années.2

De nombreuses régions développent des initiatives liées à ce nouveau modèle économique, notamment la région Occitanie qui semble être précurseur en la matière.

En effet, cette région a été l’une des premières à s’engager pleinement dans la voie de l’économie circulaire en élaborant depuis avril 2016 un Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets, conformément à une compétence confiée aux Régions par la loi NOTRE. Cette démarche globale vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement. Pour accompagner les acteurs locaux dans cette dynamique, en complément des dispositifs sectoriels existants, de nouveaux dispositifs ont donc été votés afin de contribuer à changer d’échelle dans les domaines de la prévention et de la valorisation des déchets et engager concrètement une mutation sur le territoire.

Un exemple :

CITEO (2016) : Recyclage en Occitanie : les chiffres clés

Le recyclage du verre est solidement ancré avec les productions viticoles qui représente plus de 350 millions de nouvelles bouteilles en verre produites chaque année à partir du tri des habitants de la région. Ainsi 100% du verre trié en Occitanie est recyclé également en Occitanie. La capacité de recyclage du verre est même supérieure aux besoins régionaux puisque 15% du verre français est aujourd’hui recyclé dans ce territoire.

La question de l’économie circulaire apparaît donc progressivement dans la planification territoriale avec ce genre de solutions alternatives.

Une application multiple et locale

Ce qui est bien avec l’économie circulaire c’est qu’elle peut s’appliquer à tous les niveaux, que ce soit à une échelle internationale, nationale, régionale et même locale, mais aussi dans la majorité des structures.

On retrouve notamment, dans le Val de Marne on retrouve des initiatives liées à la réinsertion sociale : Ressourcerie, recycleries ou encore réemploi solidaire sont légions dans le département. On peut parler dans ces cas de « circuits courts citoyen », dans lequel les habitants peuvent donner tout objet n’étant plus utilisé mais pouvant resservir d’une autre façon. Les objets d’occasion ou transformés sont donc revendus ensuite à un prix plus qu’abordable. A travers les dons et la revente, des emplois sont donc créés pour collecter tous ces objets, les trier, les remettre en état, etc. Souvent, ces emplois sont en partie proposés à des personnes en (ré)insertion. Ainsi, cette activité économique limite le gaspillage, maintient en circuit des produits encore utiles, crée des emplois, permet à chacun d’acheter en conscience et à prix réduit et favorise la rencontre des habitants d’un même quartier.

Dans cette logique les associations jouent un rôle conséquent : Avec 21,6 millions d’adhérents (soit 45% de la population) et 12 millions de bénévoles de 15 ans ou plus en 2002  les associations sont partie intégrante de l’économie circulaire. Ce sont, le plus souvent, des structures choisies par les personnes souhaitant prendre en charge elles-mêmes les affaires sociales et économiques et de mener des initiatives citoyennes porteuses de sens et de valeurs solidaires.

J’aime le vert participe donc naturellement à cette démarche systémique et durable sur le territoire. Rappelons que l’association est à but non lucratif mobilisant des ressources plurielles créatrices de lien social, de savoir-faire et d’épanouissement personnel/collectif à travers ses différentes activités proposées :

  1. Jardins partagé : Jardinage, partage d’informations et sensibilisation à la faune et la flore locale. Les jardins permettent également d’aider les personnes en situation précaire d’apprendre à mieux manger et découvrir de nouvelles façons de produire.
  2. Les composteurs :  permettent de recycler vos déchets de cuisine afin de les transformer en compost, pouvant servir d’engrais naturel aux plantes.
  3. Les défis : initiés au près de familles volontaires. l’objectif et de sensibiliser, réduire, le gaspillage des déchets, son empreinte carbone et permettre une meilleure alimentation favorisant les circuit courts.
  4. Ateliers bricolage: Construction de cadres végétaux, de toilettes sèches, d’abri de jardin, ou sculptures pour faire grimper les plantes… autant de possibilité permettant la réutilisation de matériaux non-polluant.

Ainsi, mieux faire connaître le fonctionnement de l’association permet de promouvoir une autre approche de la richesse, en particulier non marchande et non monétaire, et de favoriser le développement d’une économie circulaire et solidaire, plus respectueuse des êtres humains et de l’environnement.

La transition vers l’économie circulaire ne peut se faire sans une mobilisation de l’ensemble des acteurs territoriaux. Elle se décline d’une multitude de manières, que nous avons pu aborder, de façon non-exhaustive, dans cette article. Cette transition est une source d’innovation sociale et une opportunité d’emplois pour les plus fragiles. C’est une mise en mouvement des territoires autour de projets porteurs de sens, que ce soit à travers la sensibilisation et l’implication des citoyens, de l’ensemble des acteurs publics et privés ou encore de l’action des institutions économiques. Comme pour toute démarche de rupture, le caractère systématique et général des bénéfices environnementaux, sociaux et économiques liés à ce paradigme est complexe à établir. Il est ainsi essentiel de placer les enjeux du développement durable au cœur de ses objectifs pour que chacun puisse comprendre et saisir les leviers présents autour de lui.

1 Rapport Brundtland (1997)

2Les Echos (2015)