Le compostage

Composter, c’est avant tout recycler les déchets verts du jardin et de la maison en les amassant en tas pour qu’ils se décomposent.

Le compostage est un processus de transformation des déchets organiques par des micro-organismes (bactéries, champignons…) et petits animaux (collemboles, vers de terre…) en un produit comparable au terreau : le compost. C’est un amendement organique naturel à utiliser directement dans son jardin ou son potager. Le compost est un fertilisant d’excellente qualité et 100 % naturel qui nourrit vos plantes, les rend plus saines et plus résistantes aux maladies. Il allège la terre et permet des économies d’engrais, de terreau et d’eau.
Composter permet de réduire nos déchets (de cuisine et de jardin) et d’éviter les transports jusqu’à la déchetterie pour s’en débarrasser.

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Les étapes du compostage

L’exemple vient de la nature !

Depuis la nuit des temps, les feuilles tombent, les animaux défèquent, les arbres meurent. Le sol de nos forêts n’est pourtant pas recouvert de déchets organiques. La couverture d’humus ne fait généralement pas plus de 20 centimètres d’épaisseur. Et pourtant, les feuilles tombent depuis des millions d’années…

Quand de la matière organique tombe sur le sol, c’est une véritable armée de micro-organismes qui se met au travail. En quelques années, quelques mois ou quelques jours, cette matière est revalorisée. Tous ces composants sont remis à la disposition des végétaux. La forêt ne connait pas le concept des immondices.

L’homme quant à lui fait depuis des siècles des tas de fumiers. Mais si on ne s’en occupe pas, si la composition n’est pas optimale, ces tas de détritus organiques dégagent une odeur nauséabonde et mettent au mieux deux ou trois ans pour donner une matière utilisable.

C’est en cherchant des solutions aux quantités de plus en plus importantes de déchets organiques que nous produisons et en observant les mécanismes de notre Mère-Nature que de nouvelles techniques de compostage se sont développées.

Pour en arriver maintenant à des techniques qui produisent en quelques mois du compost d’excellente qualité qui ne sent pas mauvais.


Les avantages du compost

Le compost, une fois terminé, sera utilisé comme amendement de sol. Sur votre potager bien sûr, mais également sur vos parterres de fleurs, sous vos arbres fruitiers, ou encore dans vos jardinières et plantes d’intérieur.

Les propriétés formidables du compost sont principalement dues à la formation des complexes argilo-humiques. L’utilisation du compost est intéressante à plusieurs points de vue :

Effet sur la structure du sol :

  1. amélioration de la structure du sol par augmentation des agrégats (pénétration des racines facilitée et exploitation du sol favorisée);
  2. meilleur perméabilité à l’air et à l’eau;
  3. meilleur rétention d’eau (effet éponge);
  4. réduction importante de l’effet du gel, de l’érosion (de l’eau et du vent) et diminution de la dessiccation par ventilation;
  5. le compost de couleur foncée, augmente l’absorption des rayons solaires (réchauffement).

Effets sur les caractéristiques physico-chimiques du sol :

  1. en se minéralisant, le compost fournit des substances nutritives progressivement assimilables par les plantes;
  2. le compost bien mûr évite une acidification du sol ou corrige l’acidité d’un sol par effet tampon.

Effets sur la biologie :

  1. la présence de micro-organismes divers dans le compost, augmente l’activité biologique du sol qui fixe par exemple l’azote de l’air ou rend assimilable par les plantes du soufre, du phosphore, des oligo-éléments,… contenu dans les roches;
    (Cette activité biologique favorisée, répercute elle-même ces effets sur la structure du sol et ces capacités physiques et chimiques)
  2. l’activité microbienne limite le développement d’organismes pathogènes (directement dans le sol ou dans les plantes par absorption par celle-ci de substances actives, d’hormones ou d’antibiotiques);
  3. permet un meilleur développement racinaire (mycorhizes plus actifs).

Les règles d’or

La réussite du compostage dépend de 3 règles d’or essentielles et complémentaires :

  • Un mélange équilibré des matières.
  • La présence d’oxygène.
  • Une humidité suffisante.

Contrôler une bonne humidité et une aération régulière permet d’éviter toute nuisance odorante. Fini le compost de fumier puant au fond du jardin !


Un compost bien structuré

Il est important d’équilibrer les apports entre les déchets de cuisine, de jardin et les déchets organiques non alimentaires. Pour plus de détail, voir Le rapport Carbone Azote – C/N.

  • « Des matières vertes (vert, mou et humide) » qui sont généralement riche en azote et fine : épluchures de légumes et de fruits, tonte de gazon, déchets végétaux jeunes (feuilles, fleurs)…
  • « Des matières brunes (brun, dur et sec) » qui sont riches en carbone, ligneuses et plus grossières : des branches (broyées ou au moins réduites en petits tronçons), des brindilles ou des feuilles sèches,…

L’idéal est d’utiliser 40% de matières brunes et 60% de matières vertes.

L’alternance de matériaux humides, de matières « vertes » et de matières brunes, de fines et de grossières, d’éléments riches en azote et d’éléments riches en carbone, permettront une meilleure structuration du compost et donc une meilleure circulation de l’eau et de l’air favorisant l’activité biologique.


Processus de compostage

Ces réactions nécessitent de l’oxygène et dégagent de la chaleur. La température au cœur du compost augmente jusqu’à 50 à 70°C au fur et à mesure de la décomposition, puis diminue.

Deux phénomènes se succèdent dans un processus de compostage :
– le processus de dégradation, amenant les résidus à l’état de compost frais, est une dégradation aérobie intense : il s’agit essentiellement de la décomposition de la matière organique fraîche à haute température (50 à 70 °C) sous l’action de bactéries et en présence d’oxygène.
– le processus de maturation est caractérisé par une dégradation moins soutenue. Il va transformer le compost frais en un compost mûr, riche en humus.
Ce phénomène de maturation, qui se passe à température plus basse (35 à 45 °C), conduit à la biosynthèse de composés humiques par des champignons et des macros-organismes (ver de terres, etc.).

Remarque : Plus le tas est volumineux plus la montée en température sera importante et plus rapide sera le compostage.

out se recycle au jardin : ce qui vient de la terre retourne à la terre pour protéger et nourrir le sol.

Pour un compost 100% naturel, utilisez les déchets verts de la maison et du jardin.

Utilisez des matériaux variés et broyés (les micro-organismes seront plus efficaces si les déchets sont en petits morceaux) en mélange équitable secs (bois, rameaux, feuilles mortes) et humides (encore verts). La diversité des déchets utilisés fait du compost le meilleur engrais organique.

Comme nous l’avons vu dans Le compost, c’est quoi ?, absolument TOUT ce qui est d’origine naturelle (animal ou végétal) se décomposera ! Néanmoins certains éléments auront des contraintes que l’on peut ne pas vouloir dans son compost, c’est donc à chacun d’analyser ses ressources, son matériel et ses envies pour réaliser sa sélection.

Nous n’allons donc pas vous donner un tableau avec ce que vous pouvez mettre mais des indications sur les éléments qui peuvent se révéler problématiques. Des spécificités existent dans le cas de lombricompostage.


Éléments d’origine animale 

Bien que dégradables, ces éléments sont généralement déconseillés en dehors des grosses installations professionnelles. Les matières d’origine animale sont longues à composter, susceptibles d’apporter de mauvaises odeurs et peuvent parfois attirer des nuisibles (rongeurs, fouines…). Les coquilles d’œufs broyées sont en revanche parfaites pour aérer le compost et apporter des minéraux.


Plantes difficilement bio-dégradables 

Certaines plantes sont longues, voire très longues à se décomposer, le bambou par exemple. Certains sites internet ou livres vous déconseillerons de les composter mais en soi, cela ne pose pas de problème pour votre compost, celui-ci restera aéré par ces éléments et lors du tamisage, vous les réintégrerez dans le prochain tas. Si cela vous semble trop long ou que vous en avez beaucoup, donnez-les au ramassage de déchets verts de votre commune. A vous de tester !


Plantes malades ou en graines

Encore une fois, cela dépendra de votre compost. Si vous avez des volumes importants de matière, votre compost montera en chaleur au delà des températures permettant la destruction des germes et des graines. Si vous avez peu de volume ou que votre compost ne chauffe pas au-delà de 60°C, donnez les au ramassage de déchets verts de votre commune. Encore une fois, c’est à vous de décider mais nous vous conseillons d’attendre un cycle d’un an pour savoir si votre volume sera suffisant.


Plantes toxiques

Ces plantes ne posent pas de problème dans la grande majorité des cas. Cependant, certaines (rares) contiennent des substances fongicides, insecticides et herbicides (thuya, cyprès). Il ne faut pas du tout en mettre dans le compost. En revanche, les feuilles et déchets de taille de ces arbres sont d’excellents paillis de longue durée. Réservez les pour couvrir les allées du jardin et pour étaler au pied des végétaux comme les arbustes dont le système racinaire n’est pas trop superficiel. Les feuilles de noyers sont herbicides et les feuilles de rhubarbes sont insecticides. On peut en mettre de petites quantités dans le compost sans trop de risques.


Plantes traitées

Si les plantes dont vous disposez sont traitées en agriculture biologique : pas ou peu de problèmes. Si non, dans votre compost, les produits de traitements peuvent perturber le fonctionnement biologique mais ils finissent par se dégrader. De toute manière, si vous désirez faire du compost, c’est aussi pour faire un jardin plus au naturel, n’est-ce-pas ?

 


Déchets ménagers non alimentaires

Tout ce qui n’est pas d’origine naturelle est à proscrire. Les papiers, mouchoirs, boîtes d’œufs et cartons bruns (PQ, sopalin…) déchiquetés sont parfaits dans le compost car composés de cellulose. Mais attention à tous les produits trop encrés à éviter (journal, prospectus) car ils peuvent contenir des produits chimiques. Généralement, la simple logique vous permettra de faire le bon choix. Par exemple, les cendres de cigarettes conviennent-elles ? Non car elles contiennent des produits toxiques, on ne vous apprend rien !

Voilà, vous savez l’essentiel mais le plus important est d’adapter à vos ressources en apports azotés (fruits, légumes, tontes humides…) et carbonés (broyat, feuilles mortes, cartons, tontes sèches…). Vous êtes seul maître à bord, faites vos expériences, observez ce qui convient ou non à votre compost et si nécessaire, faites appel à des guides ou maîtres composteurs de votre région. Ils sont là pour vous aider en cas de souci !

Quand le compost est-il prêt ?

Il peut être mûr au bout de 5 à 6 mois au printemps/été ou 9 à 12 mois en automne/hiver s’il est bien isolé et retourné régulièrement. Certains composteurs rotatifs permettent même la réalisation d’un compost de qualité deux fois plus rapidement !

Le compost est prêt lorsqu’il sent la terre forestière, l’humus et s’effrite facilement. Incorporez-le alors au pied des plantes ou dans les trous de plantation. Attention à ne pas l’enterrer mais à l’incorporer de façon superficielle. A la fin du compostage le tas aura perdu 2/3 de son volume initial, mais il sera concentré en éléments nutritifs.

Il y a 3 caractéristiques qui ne trompent pas :


La couleur

Un compost mûr à une couleur brune ou noire selon les matières organiques utilisées pour sa fabrication.

Un compost brun clair ou verdâtre devra être laissé encore quelques temps tranquille avant de l’utiliser.

 

L’odeur

Un compost mûr doit sentir l’ »humus forestier », l’odeur des sous-bois lorsque vous vous promener en fôret un petit matin…

Si vous reconnaissez une odeur de chou, de pomme de terre ou d’oignon, attendez encore avant de le récolter.

L’apparence

Si vous reconnaissez encore des bouts feuilles ou qu’il reste des morceaux d’épluchures de pomme de terre, de chou, … dans votre compost, c’est que tous n’a pas été dégradé.

S’il vous semble que votre compost stagne dans son état, sans arriver à maturité, n’hésitez pas à le re-mélanger afin de relancer le processus !
Il faudra éventuellement remouiller un peu le tout en le mélangeant « à la fourche légère ». En effet, il n’est pas rare qu’un compost traîne pour arriver à maturité lorsque le taux d’humidité est trop faible.

Comme nous l’avons vu, ce sont les macro-organismes (principalement les vers de compost) qui terminent la maturation. Si leur milieu de vie devient trop sec, ils l’abandonneront.


Le compost pas tout à fait mûr

Il est possible d’utiliser le compost avant la fin de la maturation en tant que paillage. Il finira de se décomposer plus lentement mais permettra de nourrir la terre et la protégera contre l’évaporation et donc diminuera les besoins en arrosage.

Attention à ne pas mettre de compost trop frais (moins de deux mois), cela risquerait de « brûler » les plantes par un apport trop important d’azote.


Le tamisage

Lorsque votre compost est prêt, il reste toujours quelques fragments non décomposés. Vous pouvez les récupérer en tamisant votre composte. Réincorporez-les ainsi dans votre prochain tas de compost. Une simple caisse en plastique trouée peut faire office de tamis pour des quantités familiales. Pour de plus grandes quantités, un tamis électrique peut s’avérer utile.

 

Équilibrer les apports

Il est important d’équilibrer les apports entre les déchets de cuisine, de jardin et les déchets organiques non alimentaires. Les éléments grossiers (brindilles, petits bouts de branches…) permettent à l’air de circuler naturellement.

>> voir Comment ça marche ?


Mélanger régulièrement

L’aération est un facteur essentiel puisque le compostage est un processus aérobie : la transformation des déchets est réalisée par des bactéries qui produisent de la chaleur. La mauvaise oxygénation du compost est la principale raison d’un compostage lent, partiel, hétérogène ou malodorant.

Il est important de bien aérer le tas de compost pour apporter l’oxygène vitale aux bactéries responsables de la dégradation du compost et pour maintenir une température autour de 70°C :

  • On estime que l’air devrait occuper au moins 50% du volume.
  • Pour éviter la putréfaction, il est nécessaire de brasser régulièrement le compost (toutes les 4 à 6 semaines). Attention, le premier mélange ne doit être réalisé que 2 à 4 semaines après la mise en tas des déchets. Vous évitez ainsi de faire redescendre la température et sauvegardez l’activité des bactéries.
  • Trouver un équilibre (aérez, mais pas trop) pour conserver une température suffisante. En effet une trop forte température entraîne la mort des bactéries.

L’humidité

Tout est question de texture :

  • S’il est trop humide, son aspect est brillant, proche d’une « bouillie visqueuse » qui coule entre les doigts et qui dégage une odeur de pourri. Il faut alors ajouter des éléments secs (feuilles mortes, brindilles, bouts de branches…)
  • S’il est très sec, il s’effrite entre les mains : on peut alors l’arroser légèrement, en pluie fine (pommeau d’arrosoir par exemple) ou rajouter des matériaux humides (tontes de gazon, épluchures…) riches en azote. On peut encore installer un toit/couvercle pour limiter l’évaporation.

Un compost équilibré avec une bonne humidité fait une motte tassée quand on le tient dans la main.


Le composteur et son emplacement

Le bon emplacement est à l’ombre car une situation trop chaude le dessèche. Pensez à l’arroser s’il est trop sec et à le couvrir pour éviter le lessivage.

Comme composteur, vous pouvez utiliser les silos du commerce ou le construire vous-même avec des planches de bois ou du grillage. Prenez garde à bien laisser le fond de votre bac à compost en contact avec le sol car c’est une source directe de micro-organismes (comme les lombrics) indispensables à la réussite de votre compost.

L’idéal est d’avoir au moins deux compartiments à compost afin de pouvoir le retourner aisément. Pendant que vous laissez un bac terminer sa fermentation en compost, remplissez le second et ainsi de suite !

Le rapport Carbone/Azote – C/N

Nous avons vu dans comment ça marche ? qu’il ne suffit pas de mettre n’importe quelles matières organiques dans un fût ou sur un tas. Il faut faire attention aux quantités de Carbone et d’Azote apportés. Pour que le compostage se fasse dans des conditions optimales, le bon rapport Carbone/Azote (C/N) doit être de 20-30.

Les chaînes chimiques carbonées sont utilisées par les organismes comme source énergétique, qui donnera du CO2 gazeux et de la chaleur. Pour leur croissance (synthèses protéiniques), ils utiliseront les dérives azotés.


Les matières carbonées (C)

Ce sont principalement les déchets Bruns, Durs et Secs, comme par exemple les branches, feuilles mortes, la paille, les branches broyées, le papier, le carton. Ils contiennent beaucoup plus de carbone que d’azote.

Les chaînes carbonées (glucose, cellulose, lignine,…) constituent la source d’énergie des décomposeurs et sont pour la plupart transformées en eau et en dioxyde de carbone, en produisant de la chaleur :
(ex: Glucose: C6H12O6 + 6xO2 -> 6xCO2 + 6xH2O + 694 Kcal par môle).

On pourrait croire que, comme ils sont riches en énergie, ils vont être vite transformés. Mais comme ces matériaux ne contiennent pas beaucoup d’azote, les décomposeurs n’y trouvent pas tous les éléments nécessaires à leur croissance ainsi qu’une humidité suffisante. Leur décomposition sera donc assez lente. C’est la raison pour laquelle ils seront mélangés avec des matériaux azotés.


Les matières azotées (N)

Ce sont principalement les déchets Verts, Mous et Mouillés, comme les épluchures de fruits, les restes de légumes et tonte de gazon.

Ils sont facilement digérables, les micro-organismes y trouvent sucres et protéines en abondance pour se nourrir, se développer et se reproduire. Ils sont suffisamment humides (avec parfois un taux d’humidité supérieur à 80%). Ils posent de ce fait un problème important : étant donné qu’ils sont sans structure, ils ne laissent pas circuler l’air et n’assurent pas bien l’élimination de l’eau excédentaire. Si on travaille uniquement avec des matières azotées, on risque d’obtenir une substance visqueuse et la formation d’odeur désagréable (processus anaérobiques). Elles seront donc mélangées avec des matières carbonées, structurantes.


Il faut donc mélanger judicieusement ces deux types de matériaux pour avoir un bon rapport Carbone/Azote; ce rapport doit être théoriquement entre 20 et 30. Il faut que la quantité de l’élément chimique carbone (C) soit 20 à 30 fois plus importante que la quantité que l’élément chimique azote (N) en fonction de leur composition chimique. Cela ne veut pas dire qu’il faille 20 à 30 fois plus de matières carbonées que de matières azotées ! !

En pratique, en mélangeant une à deux parts de matière azotées pour une part de matières carbonées, on évite les problèmes de déséquilibre C/N.